Ponçage/polissage

Lorsqu’on en vient à poncer du béton, on a plusieurs buts: d’abord réaliser une surface parfaitement lisse, ensuite si on veut, obtenir une surface décorative, ou rendre la surface rugueuse avant la pose d’une résine / colle / peinture.

Il est assez difficile d’obtenir un sol parfaitement lisse lorsqu’on coule un béton, le seule façon d’y arriver, en fait, c’est d’utiliser ce qu’on appelle dans le métier, un hélicoptère. Autrement, c’est peine perdue, il y aura toujours des imperfections, et comme on a recours de plus en plus souvent au béton auto-plaçant et qu’on ne peut pas passer l’hélico sur ce type de béton, hé bien voilà, on y est!

Les ponceuses à béton travaillent avec des outils diamantés sur supports métalliques, les polisseuses elles, travaillent avec des disques diamantés à liants en résine. Pour dégrossir, on utilise des ponceuses à une seule tête, ensuite viennent les machines à trois tête pour la finition, et plus on monte dans la taille du grain, plus on affine le polissage.

Ponceuse Cicadem

Un des gros avantages réside dans le fait qu’après un ponçage, le sol devient plus dur et plus résistant à l’usure. Explication:

Lorsqu’on coule un béton, il faut avoir à l’esprit sa composition: de l’eau, du sable, des gravillons et du ciment, le tout bien malaxé. Mais même bien mélangés, les éléments se séparent selon la loi de la gravité, c’est à dire que les plus lourds descendent dans le fond, et les plus léger surnagent. Dans le béton, le plus léger, c’est l’eau, on retrouve donc cette eau en surface, on l’appelle la laitance. La chimie du béton étant ce qu’elle est, un ciment délayé dans l’eau n’a plus de résistance, donc la surface d’un béton sera beaucoup plus fragile que dans son épaisseur (excepté pour les bétons avec adjuvants spéciaux, voir chimie) et sera beaucoup plus friable.

En ponçant la surface, on enlève cette couche et on descend directement aux granulats qui eux, sont beaucoup plus durs. Reste ensuite à passer un minéralisant sur la surface pour durcir le liant entre les granulats et ainsi obtenir un sol très résistant aux frottements. On mesure la dureté d’une surface sur l’échelle MOHS, graduée de 1 à 10, un étant le plus tendre (le talc, friable sous l’ongle) et 10 le plus dur (le diamant) avec des crayons de dureté. On arrive à passer la dureté du liant ciment de 3 à 7, ensuite, le reste dépend de la dureté des granulats utilisés (7 pour du gneiss, granit ou quartz par exemple, 3 pour la calcite) .

On travaille à sec lors de ces interventions, et sous aspiration, donc pas de nuisances liées à l’eau et très peu liées aux poussières (même si celles-ci sont présentes, surtout lors des premiers passages où les résidus abondent).

Si on se contente de poncer un béton en quelques passages, l’inconvénient réside dans le fait que cela fait ressortir tous les défauts: bulles, fissures de séchage, granulats déchaussés.

Ponçage spécial Cicadem
Ponçage dans une piscine avant étanchéification
Ponçage spécial Cicadem
Finitions des angles à la petite machine

 

 

 

 

 

 

 

Pour répondre à cet inconvénient, il est nécessaire d’étaler une barbotine après les premiers passages afin de boucher ces petites imperfections et ainsi de rendre la surface parfaitement lisse. La barbotine est composée d’un savant mélange de ciment (blanc de préférence), de sable très fin, de poussière de ponçage, de résine d’accrochage et bien évidemment, d’eau. Il faut faire très attention au choix du ciment pour la confection de la barbotine, car il va s’infiltrer dans les pores et imposer sa couleur sur la surface de l’ouvrage, modifiant ainsi la couleur d’origine. Ensuite, on reprend le ponçage en prenant soin de ne pas arracher la barbotine par l’utilisation d’outils mal appropriés.

Le polissage proprement dit, c’est un ponçage poussé jusqu’à un grain très fin, ce qui en plus de la dureté, permet d’obtenir un coté décoratif original, considérant le potentiel infini de choix des éléments constituants le béton.

Ponçage piscine Cicadem
Béton poncé autours d’une piscine, réponse possible aux normes concernant ce genre d’aménagements dans les lieux publics. Le travail sous aspiration nous permet d’intervenir sans polluer la piscine.

Un autre gros avantage du béton poli, c’est sa luminosité: en effet, sa réverbération est telle qu’elle permet, dans certains entrepôts industriels, de réduire le nombre de sources d’éclairage et de ce fait, de réaliser des économies sur l’électricité consommée.

Polissage béton terrasse Cicadem

Concernant les autres avantages du béton poli, il est, pourrait-on dire, insonorisant, tant les matériels circulant dessus (transpalettes) ne buttent sur aucun trou ou bosses, et les pneus des chariots élévateurs s’usent beaucoup moins vite eu égard au manque de rugosité du sol.

Et c’est là qu’on va me dire: « Oui mais c’est lisse et brillant, donc ça glisse ».

Hé bien non, le béton poli ne glisse pas, explication:

Les amateurs de sport mécaniques sur piste le savent bien. On appelle « grip » la faculté d’un élément (pneu, semelle) à s’accrocher au sol, et il existe deux types d’accroche: par adhérence mécanique (la gomme du pneu se déforme et pénètre entre les rugosités du sol) ou par adhésion moléculaires (sorte de collage dû à l’existence de forces attractives entre les molécules de composition différentes). Concernant le béton, il s’agit de l’adhésion moléculaire entre les granulats (naturels) et nos chaussures. Presque toutes nos chaussures… Hélas oui, les semelles en PVC ou en cuir et les fers glissent sur le béton poli, mais vous noterez qu’elles glissent partout, ce simplement parce qu’elles n’ont d’affinités moléculaires avec rien. Pour les talons aiguille, c’est un peu différent: le poids (pardon mesdames) de la personne, lancé sur une jambe, avec un angle de plus de quelques degrés, entrant en contact avec un sol dur sur une surface de quelques centimètres-carrés pose et posera toujours partout un réel problème, simple question de physique. De SCIENCE physique!

Un phénomène intéressant est que même mouillé, le béton poli ne glisse pas (nombreux tests à l’appui).

Le béton dispose d’un avantage de plus par rapport à un carrelage, à savoir qu’il n’y a aucun risque de décollage de la surface (gel de l’eau infiltrée sous le carrelage), étant donné qu’un béton ne fait qu’un bloc et qu’il n’y a pas d’infiltration d’eau dans du béton.

Et comme si cela ne suffisait pas, un autre avantage est que rien de pousse sur une surface de béton, contrairement à des dalles rapportées qui elles, voient souvent différentes herbes pousser entres elles.

On peut aussi polir des sols en asphalte, et bien évidemment en pierres, quelque soit la nature de la pierre, et il n’y a pas de limite à la surface à polir.

Le seul inconvénient (et pas des moindres) réside dans le fait que la réalisation d’un béton approprié au polissage demande beaucoup de soins, énormément de soins même, jusqu’à la formule du béton qui est très particulière si on veut un résultat parfait. On ne peut pas réussir un béton poli avec un béton de chantier à l’ancienne malaxé à la bétonnière, pas assez dur le ciment s’érodera entre les granulats; quand à la barbotine, c’est pareil, si on se contente de la passer directement sur le sol, il y a de grandes chances pour qu’elle se détache avec la couche microscopique de laitance restante.

LA BRILLANCE:

En gros la brillance est une réflexion de la lumière et la perception de cette brillance est d’autant plus marquée que la lumière est dirigée.

La lumière peut être absorbée, transmise et réfléchie; une lumière émise par une source est réfléchie sur l’objet et vient vers notre œil, nous permettant ainsi de voir l’objet. L’absorption de la lumière par le support modifie la brillance de l’objet, certains supports (la terre) ayant un pouvoir de réflexion moins importants que d’autres (la neige), on appelle ce phénomène l’albédo.

Sur des surfaces rugueuses la lumière est réfléchie de façon différente dans toutes les directions, de fait notre œil ne reçoit qu’une partie de la lumière, donc pour que la perception visuelle nous indique une brillance optimum d’un objet, il faut que l’objet renvoie à l’œil un maximum de lumière et pour ce faire, l’état de surface de l’objet doit être parfaitement lisse et la nature de l’objet soigneusement choisie en fonction de ses caractéristiques d’absorption / réflexion.

En ce qui nous concerne, plus on aura de gros granulats clairs en surface, plus on aura de brillance après un polissage poussé (considérant que ce n’est pas le liant ciment qui brille).

Contact: cicadem23@gmail.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Il vaut mieux viser la perfection et la manquer que viser l’imperfection et l’atteindre. »

Thomas J. Watson Sr